Le 22 septembre 2011 a eu lieu à Genève la 5e édition des « Design Days », manifestation culturelle qui a pour but la découverte et la promotion du Design. Dans le cadre de cet évènement ARCADIA présenta une rétrospective dédiée au un grand designer italien: JOE COLOMBO
Cette exposition, qui veut rendre hommage à l’une des personnalités les plus marquantes du Design italien du 20ème siècle, a été accompagnée d’un catalogue réalisé tout particulièrement pour cette occasion par Arcadia, décrivant les œuvres présentées, images et dessins originaux à l’appui et qui sera offert gracieusement à toute personne intéressée. La Triennale de Milan, le musée Vitra de Bâle ou encore le musée des Arts décoratifs de Paris lui ont déjà consacré de superbes rétrospectives dans un passé récent. Cette présentation s’adresse non seulement à un public de spécialistes, mais aussi à toute personne manifestant une certaine sensibilité pour le Design, art emblématique de notre époque.
Étant parties prenantes de ce secteur, c’est avec grande passion que nous présentons au public les principaux designers de notre temps ainsi qu’un certain nombre de leurs créations les plus marquantes.
Joe Colombo | 1930–1971
Grande personnalité du design italien des années 60, Joe Colombo à marqué son époque par ses projets novateurs, voire futuristes, liés particulièrement à l’expérimentation sur les nouveaux matériaux comme le polyester renforcé, la fibre de verre ou encore le polyuréthane expansé.
Il se servit de ces matériaux pour concevoir toute une série d’objets, tels que meubles et luminaires. Menant conjointement ses recherches scientifiques et artistiques, l’élégance des formes qu’il concevait résultait le plus souvent de l’évolution conceptuelle d’une idée inspirée par le matériau lui-même. La source de sa créativité était en effet la matière, qu’il façonnait comme s’il s’agissait d’une sculpture, mais selon des procédés issus de la technologie.
Dans sa jeunesse, Joe Colombo avait été peintre mais, dès les années soixante, Bruno Munari le persuada de s’orienter vers la conception de produits industriels. Après avoir conçu un certain nombre d’objets à fonction unique, Joe Colombo s’attacha à la création d’objets multifonctionnels, puis entreprit l’étude d’objets « modulables ».
Il avait imaginé un nouveau concept d’habitat, élastique et flexible, dépourvu des meubles traditionnels qu’il jugeait aussi pesants et encombrants qu’inutiles. « La maison (qu’il appelait « container » Ndr) sera aussi flexible que possible, déclarait-il, de sorte que son contenu puisse bouger librement en fonction des mouvements de chacun, comme le veut le mode de vie actuel. ».
« L’espace qui entoure directement l’individu, ajoutait-il, tout ce qui constitue son microcosme, est le terrain sur lequel nous devons pousser notre recherche afin de résoudre le problème d’un nouvel environnement de vie qui soit adapté à notre époque de façon structurée et coordonnée.»
Il entendait, somme toute, créer un espace de vie adaptable à tout contexte spatial et temporel. Il estimait que le terme de «meubles» devait être pris au pied de la lettre : ce devait être des objets nomades, transformables et avant tout fonctionnels.
A l’âge de 40 ans, Joe Colombo était l’un des designers les plus célèbres au monde. Tout en parcourant le globe, de conférences en salons professionnels, il dessinait sans relâche de nouveaux projets – où qu’il se trouve, y compris en taxi, comme le raconte Gae Aulenti.
Mais sa carrière fulgurante se termine brusquement. En juillet 1971 il décède d’une crise cardiaque, le jour de son 41ème anniversaire. Son œuvre et ses théories sur le Design, elles, continuent de vivre. Elles traversent les décennies et continuent de marquer profondément des générations de créateurs.
Minikitchen
1963 - | Boffi
Minikitchen est une cuisine monobloc totalement autosuffisante, alimentée par une seule fiche électrique qui rassemble, dans un demi-mètre cube, des plaques de cuisson, un réfrigérateur, des tiroirs, une surface de travail et de rangement, une planche à découper, une prise de courant, etc. Le tout sur roulettes autobloquantes.
A l’origine, cet élément était conçu entièrement en bois, actuellement il est réalisé en Corian.
Elda
1963 - | Confort gruppo Flli Longhi
Elda est un siège qui permet à l’utilisateur de s’isoler – du moins partiellement – de l’espace environnant. La forme de la coque épouse la forme du corps de l’usager, lui offrant ainsi une certaine protection acoustique.
Pour ce faire, Joe Colombo exploite la technologie de la construction navale, utilisant une grande surface de fibre de verre, renforcée par des éléments en plastique. La structure autoportante est quant à elle fixée sur un disque pivotant. L’assise et le dossier sont composés de coussins rembourrés recouverts de cuir ou de tissu.
Ce fauteuil, qui porte le nom de son épouse Elda, exprime toutes l'une des problématiques qui lui est chère: le confort.
Continental
1965 -ICF Industrie Carnovali
Conçu à l’intention d’un magasin de Milan pour exposer des appareils photographiques, mais aussi dans l’idée de le destiner à d’autres usages, ce présentoir est utilisé actuellement comme bibliothèque murale.
Il s’agit d’une structure composée d’un quadrillage de plans, coupés en arrondi, se croisant horizontalement et verticalement pour former une calotte qui sort du mur.
Cette bibliothèque est réalisée en bois laqué ou en aluminium et existe en différentes dimensions.
Universale
1965 - Kartell
Il y a beaucoup à dire sur cette chaise devenue une pièce emblématique des années septante. Elle synthétise à elle seule les principes de multifonctionnalité et d’évolutivité chers à Joe Colombo.
Cette chaise peut en effet être décomposée et recomposée de différentes manières:
- Ses pieds sont démontables; courts, ils permettent la création d’un siège d’enfant, longs, ils forment un tabouret. Une attache permet l’insertion dans la chaise d’une tablette pour écrire.
- Chaque élément a été étudié dans le moindre détail. Une fente créée dans sa partie postérieure facilite la prise de la chaise; elle est positionnée de telle sorte que le poids de la chaise soit équilibré.
- On empile facilement trois chaises l’une sur l’autre grâce à la forme de son assise et grâce au profil semi-cylindrique des pieds, qui leur permet de s’insérer latéralement les uns dans les autres. La forme des pieds permet aussi de placer facilement les chaises côte à côte.
Boby
1970 - B-LINE
Boby est un serviteur muet, parmi les plus utilisés de nos jours. Destiné à l’origine aux architectes, il est aujourd’hui utilisé tant dans les appartements que dans les bureaux. Ce chariot mobile multifonctions existe en diverses hauteurs. Il se compose d’une série d’éléments que l’on peut combiner selon ses besoins. Il s’agit d’étagères et de tiroirs pivotants et superposables destinés aux objets les plus divers. La structure et les éléments sont en ABS moulé par injection; les roues sont en polypropylène. On y retrouve l’élégance des lignes courbes caractéristiques des créations du visionnaire italien.
Il est aujourd’hui réédité dans le respect scrupuleux du design original, avec sur chaque exemplaire la signature du designer.
Spider 291
1965 - O'LUCE
La lampe Spider est désormais l’une des icônes du design italien contemporain. Elle tire son origine d’une ampoule fabriquée à l’époque par Philips, la Silvered Cornalux, qui permettait un éclairage partiel grâce au fait qu’elle était d’un côté recouverte d’une calotte argentée.
Un tube cylindrique très fin, dans lequel est logé le câble d’alimentation, soutient un réflecteur. Ce dernier est formé par une plaque en acier émaillé découpée de façon à ménager un passage aux fils électriques et à favoriser l’aération de l’ampoule. Une articulation permet la rotation et le déplacement en hauteur de la source lumineuse. La hauteur du tube cylindrique étant variable, cette lampe se décline en divers modèles – lampe de table : de lecture, lampadaire, ou encore en plafonnier.
C’est avec ce modèle que Joe Colombo aurait introduit la notion de « famille d’articles » dans la production d’objets design.