
Ces trois architectes, dont l’activité polyvalente va de l’urbanisme au design en passant par l’architecture et l’aménagement d’intérieur, ont su se placer dans les premiers rangs de l’histoire du Design italien dès les années 70. Leur production est amplement documentée dans la littérature de cette discipline et dans les grandes publications internationales. Dès leurs débuts dans la profession ils ont voulu s’exprimer à travers une rupture avec les notions traditionnelles du style de vie de notre l’époque. Plusieurs de leurs œuvres sont exposées dans les collections de design de différents musées du monde, parmi lesquels : le Museum of Modern Art de New York, le Victoria & Albert Museum de Londres et le Centre Pompidou à Paris. Il nous est d’autant plus agréable d’écrire sur ces designers que nous étions les premiers à Genève à présenter leur production. En 1970, au début de notre activité, sous l’enseigne de « Design 2001 », à la place du Cirque, nous exposions des modèles comme le « Galeotta », le « Ciungam » et le « Carrera » provocant des réactions à la fois surprises et fascinées. Nous sommes persuadés que malgré le temps passé les produits de cette époque sont encore très actuels et nous espérons qu’ils vous séduiront.
C’était l’époque de la contestation des jeunes, des Beatles, du Pop Art, lorsque ces trois architectes fondèrent leur groupe. Leur point de vue commun sur l’avenir de l’architecture les regroupait. Ils considéraient vieux et dépassé le mode classique de concevoir le projet. Ils se joignirent au radical design, un mouvement qui reconsidérait le concept de forme et de fonction, en mettant l’accent sur une esthétique plus instinctive, liée essentiellement à l’Art pur.
Dans le secteur de l’ameublement, ils se concentrèrent sur des projets anti-conventionnels, particulièrement économiques et destinés à une jeunesse disposée à rompre avec la culture traditionnelle, considérée comme dépassée. Ils eurent un succès international avec un projet de fauteuil pour Zanotta. Réalisé en PVC calandré, utilisant une technologie d’avant-garde et obtenant une forme étonnamment innovatrice: le fauteuil Blow. Ils développèrent alors cette technologie, et l’utilisèrent pour réaliser des projets de structures habitables temporaires et pneumatiques (basées sur la pression de l’air).
Parmi ces projets, nous remarquerons le pavillon italien présenté au concours pour l’Exposition Universelle d’Osaka en 1970 ; un tunnel reliant le palais de l’Art et le pavillon de la production industrielle à la XIVe Triennale de Milan. Cette dernière exposition fût d’ailleurs suspendue peu avant son inauguration, à cause de la contestation de jeunes étudiants. La recherche, l’expérimentation, le développement de nouvelles technologies et l’usage de nouveaux matériaux ont été et restent la base de leur travail. A cette activité professionnelle intense, s’ajoute, celle académique, telle que l’enseignement à la faculté de Design du Polytechnique de Milan. Ils sont également membres de nombreux jury de concours d’architecture et de Design.
En 1979 ils reçoivent le «Compasso d’oro», la prestigieuse récompense de l’association du Design industriel italien, pour le porte-manteau «Sciangai». En 1991 Jonathan De Pas décède. Mais Donato D’Urbino et Paolo Lomazzi poursuivent leur activité, toujours avec le même enthousiasme pour les projets innovants et d’avant-garde.
Fauteuil « Joe »
1970 - | Poltronova
« Joe » est un fauteuil en forme d’énorme gant de Base Ball. Ce fut un hommage au grand joueur : Joe di Maggio. Mais ce fut certainement également une référence admirative au Pop Art américain, dont l’influence se faisait sentir à cette époque en Italie. On y lit une volonté manifeste de remettre en cause les formes et les canons de la culture traditionnelle «Joe» est un objet ironique et provocant mais qui s’est imposé comme une icône dans le monde du Design. La structure est en acier et est rembourrée en mousse de polyuréthane, moulé à froid et recouvert de cuir.
Galeotta
1968 - BBB Bonacina
Le «Galeotta» est un siège qui fait partie des grands classiques du design italien des années 60. Trois éléments reliés entre eux sans aucun mécanisme, mais rabattables, permettent d’évoluer d’une position assise traditionnelle à celle de deux positions de relax. Ce fauteuil est réalisé entièrement en polyuréthane expansé moulé à froid et revêtu dans un tissu élastique de différentes couleurs. Il s’agit d’un projet dynamique qui permet différents cas de figures. D’une esthétique agréable il peut s’adapter facilement dans toutes les espaces domestiques.
Blow
1967 - Zanotta
Blow – Zanotta«Blow» est le premier objet réalisé ayant eu un écho international. Aurelio Zanotta, propriétaire de l’entreprise homonyme, a eu le courage de croire en cette idée qui voulait concrétiser un fauteuil léger, économique et original pour un public jeune et disposé à accepter un nouveau mode de vie de l’espace domestique. Cet objet est lié aussi et avant tout au Pop Art, qui faisait fureur en ces années-là. Il est facile à monter et à transporter et est réalisé en PVC, une technologie qui n’avait encore jamais été appliquée dans le secteur de l’ameublement.
Sciangai
1973 - Zanotta
Tout comme le fauteuil « Joe », le porte manteau « Sciangai » appartient à cette catégorie d’objets dont les caractéristiques esthétiques se retrouvent parmi des éléments existants qui sont alors reproposés avec d’autres fonctions et d’autres dimensions.Il s’inspire d’un jeu chinois, le «Mikado», qui consiste à joindre un groupe de bâtonnets en une main et qui, une fois tombés doivent être saisis un à un sans déplacer les autres. L’idée de ce porte-manteau est extrêmement simple : il s’agit d’une série de tiges façonnées de telle sorte qu’une fois réunies, elles peuvent se refermer en une forme cylindrique.Elles sont reliées par le biais d’un joint situé approximativement au centre. Ceci permet d’articuler les tiges de manière à les ouvrir afin de stabiliser le tout. L’originalité tant sur la forme qu’au niveau technologique de cet objet est telle qu’il reçoit en 1979, le très convoité « Compasso d’Oro ».
Giotto
1975 - Zanotta
Giotto – ZanottaFacile à construire et à utiliser «Giotto» est un tabouret simple et pratique. L’intérêt de cet élément réside dans son essentialité. Les trois pieds sont formés de simples planchettes en hêtre, coupées en oblique. Une structure métallique les relie entre eux, et en même temps, renferme un support qui accueille la vis du siège et qui règle la hauteur. Il s’agit fondamentalement de l’exemple même de l’objet économique et fonctionnel, facile à utiliser et qui représente l’engagement et la philosophie de la conception de ces trois designers dans les années septante. La facilité de construction de l’objet, pendant la phase de mise en œuvre, doit aussi s’accompagner d’une grande simplicité d’utilisation. Lorsque celui-ci est devenu partie du mobilier qui peuple nos maisons, et autour duquel tourne la vie quotidienne.
Lampiatta
1971 - Stilnovo
Lampiatta – Stilnovo. Cette lampe, conceptuellement très simple, est formée de deux éléments: un corps de support cylindrique en acier laqué et un abat-jour. La base contient des fissures qui permettent au déflecteur de se déplacer en plusieurs positions, afin de pouvoir orienter le faisceau lumineux en différentes directions.